Le mat et l'aventure
- Carolyn Chipp
- 20 juin 2021
- 3 min de lecture
Hello à tous,
J'ai reçu des nouvelles des gars la semaine dernière, voici donc en premier les nouvelles sur le trajets et en deuxième un texte écrit par papa sur la vie à bord :
"Après plusieurs jours de patiences le vent est enfin arrivé ! Durant ces jours encalminés nous en avons profité pour avancer dans les films : entre autres les films de dance (sexy dance, street dancer et steppin') que papa à bien aimé. Il nous reste maintenant moins de 300 milles à parcourir avant de poser pied à terre ! "

Le mât et l'aventure.
Nous avons quitté le Brésil il y a aujourd'hui 48 jours. Nous commençons à nous approcher de São Miguel, petite île à l'est des Açores. Un peu plus de 200 mille nautiques, 360 kilomètres à peu de choses près. Une semaine ? Plus ? Moins ?
Quand nous avons quitté Port Camargue fin octobre dernier, je voyais l'aventure dans les grosses mers que nous allions traverser, dans l'apparition d'une terre au bout d'une longue traversée, dans le partage avec William des quarts, à bord de notre espace réduit. Et ce fût tout ça aussi … mais bien plus. A l'aller il y eut la chaleur qui indisposait William, le mal de mer persistant pour moi. La persévérance, toujours. Et comme les vents étaient avec nous, nous sommes arrivés à peu près comme prévu … C'est rare en voilier.
Et puis, au cours de ce retour vers La Rochelle, il y a un nouvel intrus : l'imprévu, le temps long. Trois semaines où Clamowak a foncé, et puis clac, il a suffi que le pataras se casse pour que nous nous penchions sur notre mât fragilisé, centre névralgique autour duquel tournent les voiles, soutenus par les haubans, où sont enfilés toutes les drisses, et les câbles de la VHF, indispensable pour communiquer avec les ports, canal 9, 11, selon l'endroit, et pour les urgences, le canal 16. Les informations régionales de la météo, en langue locale et en anglais, à heures fixes. Notre mât, au-dessus duquel coulissent les drisses de la grand-voile, du spi, de l'enrouleur du génois. Où est fixé l'anémomètre qui nous guide constamment dans le choix de l'allure à donner à Clamowak pour nous rapprocher du but tout en prenant soin de lui (elle?). Selon Isabelle Autissier, les voiliers ont un genre, masculin ou féminin, selon ses qualités. Pour Isabelle, le sien, Ada, est une femme. Clamowak ? Je ne suis pas sûr. Il a des qualités des deux bords. Il est accueillant, la cuisine est petite mais efficace, ah ! La salle de bain, ça c'est du masculin, très étroite, peu pratique, bas de plafond, dans le roulis et le tangage, impraticable. Sa navigation est très souple, il/elle s'adapte à toutes les situations. Sauf une. Clamo n'aime pas les petits vents. Je ne parle même pas de pas-de-vent-du-tout, c'est évident. Il se traîne comme une âme en peine en attendant mieux. Il boude, refuse d'avancer, tourne sur lui-même en gémissant.
Alors nous l'écoutons travailler, les câbles, les drisses à l'intérieur du mât se rappellent constamment à nous, à l'extérieur, les drisses non utilisées sont fixées le long de ses 14 mètres de haut et fouettent l'aluminium du mât, et aujourd'hui, notre pataras de fortune, signe de la tension qui règne tout en haut. Quand le foc est gonflé de vent (avant la cassure, le grand génois léger), le pataras se tend pour compenser la traction vers l'avant. Puissant et fragile. Sans mât, il nous resterait notre GPS qui possède sa propre antenne, mais plus de BLU non plus, dont l'antenne est fixée en haut, nous devrions nous débrouiller pour gréer une voilure de fortune, autour de ce qu'il en resterait, ou en utilisant le tangon comme mât provisoire.
Une dernière image que j'aime bien, dans le sillage de Clamowak, qu'avait notée Christophe Houdaille dans Le chant des voiles : la mer ne laisse pas de traces. Isabelle Autissier en a fait un roman : Seule la mer s'en souviendra.
Merci de nous avoir suivi (ce n'est pas terminé!), vous faites vraiment partie de ce voyage ; nos amis, notre famille, les petits loups de l'Isère et Valérie, vous qui avez créé votre propre site internet autour de ce voyage ! Nous avons de nouvelles vidéos, y compris sous l'eau. Nous vous les enverrons quand nous serons arrivés à Sao Miguel, je n'anticipe pas quand !
Nous vous souhaitons une très belle journée !
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