Final countdown
- sauvezwilly
- 25 oct. 2020
- 8 min de lecture
Dernière mise à jour : 28 oct. 2020
Demain, mercredi 14 octobre, c'est J - 7 !
A chaque journée suffit sa peine et aujourd'hui a été bien pleine ! Laurent et Thomas sont revenus pour poser le rack aux bidons de gasoil, la casquette sera posée cette semaine. Nos soucis de pilote automatique sont résolus, et la cabine arrière, la plus spacieuse, peut enfin servir à stocker à la fois ce qui reste des affaires personnelles de Paul-Etienne, et les objets volumineux du bateau: l'annexe, le génois lourd - qui porte bien son nom ! Beaucoup de rangement donc.
Demain, nous effectuerons une sortie pour tester le matériel de pêche. Mine de rien, le voyage sera conditionné par notre dextérité à attraper du poisson, qui s'ajoutera à la quantité astronomique de boîtes et victuailles en tout genre qui remplissent déjà nos équipets et nos planchers.
Demain, jeudi 15 octobre, c'est J - 6 !
Aujourd'hui, petite sortie pêche entre deux séances de rangement. Bredouille côté poisson, mais William a pu tester les cannes et les leurres. Petite fierté personnelle: je suis enfin arrivé à maîtriser l'inertie de la marche arrière de Clamo ! J'imagine que c'est la même chose sur les lourds cargos: l'action que vous initiez ne s'exécute qu'une minute plus tard.
Côté Clamo: habiter sur un bateau, c'est du minimalisme imposé ! Entre ce qui a été distribué aux amis et à la déchetterie, il me reste quelques sacs de ces choses inutiles qui s'appellent des souvenirs (hiboux, éléphants, stylos, carnets, livres ...), et des tas de choses très utiles pour le bateau, des draps, des couvertures, des outils ... J'ai plastifié des photos qui habitent le bateau à présent. Chaque équipet est doté d'une photo, et c'est ainsi que ma soeur Ann se voit attribuer les gâteaux et pains d'épice, ou qu'Itsuki veille sur les jeux de société (échecs, yams, cartes, solitaire notamment).
Une question qu'on nous a posée: pourquoi emmener dans un voilier du gasoil supplémentaire ? En fait, ils sont destinés aux canaux de Patagonie, où il n'est pas toujours possible de rester à la voile (pour rester manœuvrant). Nous embarquons 200 litres en jerricans, qui s'ajoutent aux 180 litres de notre réservoir principal; cela représente un peu plus de 5 jours (de 24h) de navigation.
Voilà, demain nous détaillerons davantage notre projet de trajet, sans trop tenir compte du coronavirus... Où il sera question du rêve de Gabriel...
Demain, vendredi 16 octobre, c'est J - 5 !
Ce matin, réunion de l'équipe autour de l'avancement des travaux et aménagements de Clamo. La casquette sera posée demain et samedi. Les aménagements électriques à bord sont en bonne voie; notamment des éclairages led qui peuvent passer du blanc au rouge pour les quarts de nuit (éviter l'éblouissement.) Samedi c'est révision du moteur et petit cours sur les principales interventions à effectuer sur du long cours.
Nous entamons le tour des au-revoirs. Demain ce sera nos voisins du chenal sud, ceux qui nous ont initié à la pêche. Samedi les plus proches de nos voisins de bateau. Dimanche ma vieille amie Christiane, pour qui ce n'est pas du tout une fête.
Nous ne sommes pas beaucoup affectés par la politique contre le coronavirus, à part pour ce qui concerne notre destination et les éventuelles étapes. Montpellier sera sous le couvre-feu dès 21 heures. Les Montpelliérains ne peuvent même pas venir au Grau du Roi, ils rentreraient trop tard ! Il faut dire que nous sommes hors-saison, ce qui va bientôt changer avec les vacances d'automne. Mais cela ne nous concernera pas longtemps...

Alors, côté trajet. William a préparé une carte qui décrit la route grosso-modo (càd sans tenir compte des vents, des courants et des marées, et de nos éventuelles décisions de mouiller le long des côtes Brésiliennes). Dans l'état actuel des politiques sanitaires, l'Espagne et le Portugal acceptent encore les voyageurs en provenance de France, ce qui pourrait nous permettre de faire une escale à Madère et/ou à La Gomera (Canaries - point jaune sur la carte). Il semble que les îles du Cap Vert (point vert sur la carte) ne sont plus en état d'urgence. Je ne parle pas de Chiloe, notre destination initiale au Chili, où habitent Ann ma soeur et Ricardo, et ma filleule Gabriela, qui est fermée aux non-résidents. Mais le sera-t-elle encore quand nous y serons ?
Notre projet est de viser Puerto Williams, la ville la plus au sud de la Patagonie Chilienne à une trentaine de kilomètre d'Ushuaia en Argentine. C'est une étape obligée pour l'établissement d'un visa d'entrée au Chili. Nous verrons à ce moment-là le sort que les Chiliens nous réservent. Notre drapeau français ne plaide pas en notre faveur... Actuellement, ils permettent l'avitaillement en eau et en nourriture, mais n'acceptent aucun non-résident. Cela dit, le passage du cinquantième parallèle sera un exercice en soi. Dans le cas où les conditions seraient trop rudes, nous avons repéré un abri sur l'île de Etats (Estados). L'idée est de profiter d'une fenêtre favorable (comme on dit) pour passer sous le Cap Horn, puis remonter vers Puerto Williams par le canal du Beagle. Si nous sommes autorisés à poursuivre notre voyage pour rejoindre la famille à Corona, au Nord de Chiloe, nous remonterons soit par le Pacifique, ce qu'on nous a déconseillé pour une raison de confort de navigation (le vent du Nord est donc de face et nos obligerait à tirer des bords), ou par les canaux de Patagonie (d'où le gasoil supplémentaire)... C'est la raison pour laquelle William a dessiné la dernière portion du trajet vers Chiloe en rouge !
Hier, j'ai esquissé "Le rêve de Gabriel". C'est un film qui retrace l'histoire de Gabriel et sa famille sur les terres Patagoniennes, exactement au niveau de Chile Chico. Ce film d'Anne Levy-Morelle, retrace l'épopée fantastique de trois familles Belges venues s'installer au Chili en pleine terre Patagonienne, juste à côté de la frontière Argentine, vers la fin des années 1950. Or, dans nos projets initiaux exempts de Covid-19, nous avions prévu pour le retour de descendre par les canaux intérieurs au sud de Chiloe vers Puerto Chacabuco, d'y amarrer solidement notre Clamo, et de rejoindre Chile Chico via l'Argentine par le bus et à pied. Les petits-enfants de Gabriel y ont ouvert un gîte, dans la maison où vécut Gabriel. Ensuite nous avions l'intention de descendre vers la lagune Saint Raphael, située au pied d'un glacier, pour remonter ensuite vers le Pacifique, recroiser le Cap Horn dans le bon sens cette fois (d'Ouest en Est) pour remonter vers l'Europe. Les Anglais ont un adage pour cette circonstance: wait and see...
Nous ne tirons pas de plan sur la comète, et même, nous en avons tiré les conséquences: aujourd'hui, nous avons procédé à la seconde partie de notre avitaillement, allongeant la durée potentielle sans escale à quatre mois (normalement nous devrions rejoindre le Horn en un peu plus de deux mois) !
Demain, lundi 19 octobre, c'est J - (on n'est plus très sûr à cause du chantier retardé de quelques jours) ;-)
Sans entrer dans les détails, la casquette au-dessus de la descente, et les nouveaux panneaux solaires ne sont toujours pas posés: ils le seront en cours de semaine. Par conséquent, un départ avant le week-end du 24-25 apparaît peu réaliste. Nous en profitons pour peaufiner notre état d'esprit en mode navigation (nous dépendons des éléments extérieurs, rien ne sert de s'énerver), et à approfondir notre connaissance du bateau.
Cela nous fera arriver à Puerto Williams vers la nouvelle année 2021, ce qui reste en plein été austral.
Mercredi 21 octobre
Hier, nous nous sommes aperçus que le sondeur (l'appareil qui mesure la profondeur (sous la coque), était "mort". A remplacer donc ... Le bon côté de s'en rendre compte maintenant, c'est que nous pouvons y remédier avant de partir (cela demande de ressortir le bateau de l'eau). Le côté frustrant c'est un nouveau report de la date du départ (nous gardons l'espoir d'un départ entre le 26 et le 28). C'est la raison pour laquelle nous arrêtons le décompte "J - x", pour rester positifs et orientés vers ce qui est accompli chaque jour. D'ailleurs, parlant de ce qui est accompli, la casquette est posée (non équipée de ses plexis, et non encore fixée)! Et Loïc a terminé les aménagements électriques à l'intérieur, notamment le remplacement de la plupart des vieux luminaires gourmands en énergie, et à l'extérieur (les nouveaux panneaux solaires sont en place.) Nous vous présentons l'équipe qui nous assiste dans la préparation du bateau dans un blog séparé.
Jeudi 22 octobre
Si nous étions au large, je résumerais la journée par "une conjonction d'éléments favorables", qui nous laissent enfin entrevoir une date de départ prochaine.
Le démarreur a été réparé (merci Merly du Grau du Roi !), et le moteur démarre au quart de tour (ça c'est Loïc encore).
Le sondeur a pu être remplacé de l'intérieur du bateau, sans que nous devions le sortir de l'eau (merciiii Loïc et Jean-Philippe).
Les travaux autour de la casquette ont enfin démarré. Laurent a dessiné le contour des plexiglas qui seront posés demain si le temps s'améliore (aujourd'hui, pluie et vent). Les trous pour les fils d'alimentation du GPS et du luminaire de la casquette ont été percés avec force antirouille et Sika (silicone marin).
Nous avons remplacé la pompe de cale manuelle qui s'était cassée par une nouvelle ... et la pompe de cale électrique a pu être testée (bien involontairement) lorsque Loïc a échangé les sondeurs: nous pouvons annoncer qu'elle marche fort bien !
Loïc a terminé l'installation des leds: l'éclairage économe est en parfaite adéquation avec nos besoins: rouge la nuit au-dessus de la table à carte, pour ne pas amoindrir la vision de nuit, le carré est largement éclairé pour les repas ou les moments de lecture et de jeux, le coin cuisine n'a plus de zones d'ombre. La casquette disposera également d'un double éclairage blanc/rouge.
Le vent continue de souffler avec force. On dirait que Clamo piaffe dans son box de départ: il semble prêt à s'élancer ... et nous avec ! A demain !
Aujourd'hui dimanche 25 octobre
Hier nous avons passé la soirée (enfin, ce que le couvre-feu nous a permis d'appeler soirée) avec Laurie notre voisine da bateau, collègue de l'équipe que nous vous présentons par ailleurs, nos amis Nicolas et Daphnée (qui occupent notre ancienne place à Port Camargue) avec leurs filles, et Daniel Gazanion, qui nous a fait l'amitié de visiter avec nous les pages de la "bible" Patagonienne, avec visite guidée de tous les mouillages qu'il a expérimentés entre Chiloe et Puerto Williams (son nouveau bateau est actuellement amarré à Puerto Williams). Il y a maintenant près de quarante ans, il est descendu avec ses trois potes sur un Petit Prince comme le nôtre (version 2 mâts) jusqu'en Antarctique. Nous emmenons précieusement sa dédicace comme un phare pour notre périple: "Vendredi 23 octobre 2020. Que puis-je vous souhaiter de plus vous qui partez pour le Sud. Sinon d'apprécier chaque moment de ce nouveau voyage et de le vivre pleinement. Avec toute mon Amitié, Daniel Gazanion" La transmission des fanions ... Il y a quarante ans, c'est sous l'égide de Bernard Moitessier et Paul-Emile Victor que leur petite équipe avait parcouru son périple !
Sinon, hier, un épisode typique de la vie à bord. Laurent et Thomas ont débarqué pour nous annoncer que tout compte fait, pour fixer la casquette, un système avec des contre boulons était le meilleur ... Il fallait démonter le vaigrage (sorte de faux plafond, en bois) à l'entrée de Clamo ... Or Claude Héritier, le constructeur du bateau, avait été jusqu'à coller les plaques de polystyrène expansé qui isolait l'intérieur du bateau de la coque. C'était Noël ! Là où l'ordre venait de débuter son règne, la cabine s'est retrouvée jonchée de ces petites billes blanches très volatiles ! Mais la casquette est fixée ! Il nous reste à l'isoler. Nous posterons une photo quand l'ordre à bort sera revenu !
Compte tenu de ce qui reste à faire (si si, la liste s'amenuise), nous pourrions larguer les amarres jeudi ...
JEUDI 29 OCTOBRE confirmé ! Suite à l'annonce d'Emmanuel Macron d'un nouveau confinement ce vendredi, nous mettons les voiles demain après-midi quoiqu'il arrive !
Nous sommes de tout cœur avec vous, particulièrement dans les semaines qui arrivent. Donnez-nous des nouvelles: notre voyage n'est pas une retraite de l'amour et de l'amitié !
C'est le moment pour nous de passer la main à Carolyn, qui va prendre soin du site avec son blog à elle.
De notre côté, nous pourrons communiquer avec vous via une messagerie propre au bateau.
Prenez soin de vous. William et Paul-Etienne
Même si on ne se connaît qu'au travers de Dani je me réjouis de vous suivre dans ce voyage. Plein de bonheur les garçons et
Oui, je me demandais ce que vous avez prévu pour l'alimentation? Ce serait chouette que vous mettiez des photos de l'aménagement interne du voilier. Grosses bises
😂 Ils sont fous ces chinois
Le fromage c'est la vie ! 🧀
(proverbe chinois 😇)
Tout n'est qu'une question de fromage on dirait 😁